Tu me fous la chienne de rester

Rendu ici, normalement, tu devrais déjà être parti. Les autres avant toi faisaient comme ça. C’est comme devenu une norme. Tu serais sensé disparaître subtilement en devenant plus occupé que nature. Faire des apparitions par-ci par-là seulement tard dans la nuit, quitter tôt le matin pour le travail ou pour un brunch de famille. Tu devrais éviter les texto de plus de six mots entre 8 et 20h. Lorsqu’on se rejoint dans les soirées, tu devrais normalement m’ignorer. Être trop soul pour marcher avant que je sois arrivée. Flirter avec d’autres filles pour flatter ta virilité et me laisser me battre pour avoir ton attention. Me ramener chez toi puis me dire de quitter.

Rendu ici, tu devrais être tanné de mon répertoire de blagues limité, de mes envies de pipi chaque 5 minutes, de la musique que je te fais écouter. Tu serais sensé haïr mon chat et juger ma collections cuillère de bois. Tu devrais être rendu au moment où tu te rends compte que je suis ni simple, ni cool, que je t’en demande trop pour ce que tu veux donner. Tu serais supposé sentir que je m’attache et me faire comprendre que tu me préfères détachée. T’arrives proche de ma date d’expiration, celle où tu devrais m’amener dans un café pour me dire que c’était l’fun tout ça mais que c’est terminé. Normalement tu pourrais aussi avoir moins de classe et faire passer ton message par un french sur la bouche et ailleurs d’une de mes amies du secondaire. Devant ma face.

Tu serais sensé collectionner les filles d’ailleurs. Masquer leurs noms dans ton cellulaire, leur envoyer des cœurs. Tu devrais t’intéresser à leurs vies et les trouver plus décontract que moi. Rendu ici, habituellement, tu devrais avoir couché avec quelques-unes d’entre elles. Tu devrais avoir caché ton mot de passe quand tu ouvres ton ordi,  traîné ton téléphone jusque dans les toilettes, mais avoir eu des vraies dates en publique. Tu serais dû pour être plus paradoxal dans ton niveau de subtilité et la créativité de tes moyens pour pas te faire pogner. Tu devrais avoir mis tes amis dans le coup. Généralement, je devrais être la seule à ne pas savoir que tu te fous de ma gueule. Rendu ici tu devais être rendu à l’overlap de deux plusieurs personnes. Je devrais passer de la numéro 1 à la numéro 2 à la numéro plus pentoute.

Rendu ici, normalement, tu devrais déjà être parti ou m’envoyer tous les signaux qui disent que t’es à veille de le faire. Mais tu le fais pas. Tu me fous la chienne de rester. C’est pas ça la règle, c’est pas ça la norme. Les autres avant toi ils partaient. Ils me traînaient dans la boue. Toi tu m’envoies encore des cœurs. Tu me sors encore souper. Tu m’attends pour te souler dans les soirées et tu dis tes mots de passe à voix haut quand tu les écris. Je sais pas si je mérite ça. Ceux qui sont passés avant toi m’ont fait comprendre que je devrais pas. T’es peut-être juste lent avant de te tanner. Ou t’as des trucs nouveaux que je connais pas pour mieux me malmener.

Je suis méfiante.

Rendu ici, normalement, j’aurais déjà eu l’âme piétinée.

Ça fait que j’attends que tu partes, bien sagement. Que tu te tannes, que ton cœur pogne dans le vent avec une nouvelle flamme. J’attends que tu m’éteignes, que tu me traites comme la merde que t’es supposé penser que je suis.

Tu me fous la chienne de rester, c’est pas quelque chose qu’ils font normalement. Je sais pas quoi faire de toi. Ça fait que j’attends encore plus. Que tu me quittes comme les autres. Je te trouve des raisons dans ma tête pour t’en aller et j’attends que tu les matérialises. Peut-être qu’à force d’attendre je vais te faire partir pour vrai.

Ça serait plate. À date, t’es le seul qui reste.