Apparemment t’es malheureux.
Ça me fait ni chaud ni froid de savoir ça. C’est cool.
C’est pas que je te souhaitais d’aller mal, je ferais jamais ça. C’est toxique pour le cœur ça en dit tellement plus sur la personne qui fait le vœu que sur celle qui devrait le subir. En plus je vois pas souvent d’étoiles filantes ça fait un boute que mes amies ont arrêté de faire des clés-cadenas-barrés et je souffle des bougies juste une fois par année. J’dors beaucoup ça fait que je manque tous les 11h11, le matin comme le soir. Mes vœux je les économise pi je les garde pour moi la paix dans le monde et les gens que j’aime – pour moi plus pluss parce que le mâle de ma vie pi mes millions de dollars sont pas encore arrivés. J’en ai pas un à gaspiller.
Alors non, je te souhaitais pas d’aller mal, en principe. Mais ça me fait pas de peine non plus d’apprendre que t’es malheureux.
Il y quelques années mais pas trop quand même juste assez j’aurais voulu tout savoir de ton malheur. Pourquoi comment, qui surtout, que j’aille lui faire des highfives pi que je l’appelle karma avec un petit k dans mes conversations facebook secrète de filles où il y a plus de screenshots que de textes. J’aurais voulu savoir qui te faisait perdre au jeu de la vie, parce que moi je mettais tellement d’effort pour gagner le breakup. Mon fer plat est décédé cette année-là à force de m’aplatir et de me maquiller la face pi le moral d’ailleurs. J’ai jamais autant lancé de messages publics sur le wall de tous mes amis gars comme des bouteilles immatures dans une mer de testostérone avec l’espoir qu’ils me répondent sur le mien que ça adonne que tu sois sur ma page du livre-de-visages pi que je t’échec-et-matte la rupture. Ça a l’air contradictoire un peu mais vouloir gagner c’est différent de vouloir que l’autre perde; ç’aurait juste été plaisant à ce moment-là d’avoir plus d’attention que toi. Genre, ça m’aurait pas fait un plaisir fou que tu sois malheureux parce que je carburais quand même pas sur ton oxygène mais ça aurait certainement mis de l’onguent sur les bobos que t’avais mis sur mon cœur par exprès. T’étais pas super fin avec ta collection de vagins et ton répertoire d’insultes subtiles. On a fait mieux dans le palmarès des chums du monde.
Mais le temps a passé panser mes cicatrices d’amour piétinées. Ça me fâche plus quand j’entends ton nom dans des conversations. T’es devenu un souvenir de manque de respect, une leçon apprise de personne que je ne dois pas avoir dans ma vie.
Ça fait que maintenant aujourd’hui, d’apprendre que t’es malheureux, c’est du vent, un peu.
Des rumeurs qui trouvent leur chemin jusqu’à mes oreilles, mais qui se rendent pas jusqu’au cœur. Des ouï-dire de malheur… C’est triste c’est sûr. Dans plein d’autres cas j’aurais voulu aider. Mais c’est pas à moi de le faire même si j’ai l’empathie large. L’élastique de ma compassion s’étire pas jusqu’à toi j’ai déjà essayé et ça m’a pincé fort l’estime le retour de plastique.
Alors ton malheur je ne veux pas le connaître, ni de nom ni de nature. Je suis rendue ailleurs je suis loin je suis bien.
Je te souhaitais pas d’aller mal. Mais je te souhaiterai pas d’aller mieux non plus. Je te souhaiterai rien en fait.