La rupture presque pas triste

Allô la vie, les gens, mon entourage surtout,

Je vais bien je le jure. C’est sûre que ça me touche full que vous vous inquiétez mais vraiment vraiment je vais bien je le promets. Ma rupture c’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un monde c’est certain et pour ça je vis une tonne de deuils des petites choses de tous les jours mais ce n’est pas moi qui suis morte c’est un amour qui est mort et un amour qui marche pas quand ça meurt c’est pas triste.

Ça devrait pas l’être.

Comprenez bien. J’aurais voulu que ça marche parce que je l’aimais pour vrai cet homme-là, mais un moment donné tout nous étouffait. On se trouvait plus drôle j’avais pu envie de rentrer à la maison parce que l’ambiance était constamment lourde comme la nuit l’été la veille des orages quand le ciel est bas pi le moral des gens aussi. On se pognait tout le temps, on se boudait comme des enfants, on se réconciliait à moitié en se disant qu’on essaierait plus fort de pas se faire chier autant. On marchait sur des œufs on avait des conversations sur la pointe des pieds on était rendu polis l’un avec l’autre comme avec de la parenté. On faisait moins l’amour aussi et quand ça arrivait il y avait plus vraiment de connexion pas d’étincelle on était les deux dans nos têtes à se demander si ça valait la peine de continuer. On se disait des je t’aime en se regardant pas les pupilles avec des points d’interrogation en fin de phrase dans nos têtes. On se reprochait l’un l’autre de plus être là à 100% qu’on les sentait les question marks des fois on se criait bin laisse moi esti si tu m’aimes plus ou si t’es plus jamais pour m’aimer comme avant. Mais on se laissait pas les deux on était attachés ca fait qu’on faisait des efforts surhumains juste pour se faire sourire mais je suis pas mal sûre que la moitié des sourires qu’on réussissait à s’arracher étaient faux. Des sourires de bas de face qui se rendent pas aux yeux. Les deux on donnait notre maximum, plus que ça encore des fois, ça nous drainait c’était épuisant parce qu’on se donnait plein de choses mais c’était jamais ce que l’autre avait besoin. Nos besoins entraient en contradiction, un compromis dans une direction faisait de la peine à un, un compromis de l’autre bord faisait de la peine à l’autre. Si nous deux ça avait déjà marché il fallait juste se rendre à l’évidence que là ça marchait pu et qu’on avait évolué dans deux directions différentes. C’est contre-intuitif se dire que deux personnes dans une même relation peuvent finir par grandir en des individus opposés mais des fois la vie fait ce qu’elle fait de mieux et elle force main du destin pour que les choses prennent le chemin qu’ils sont sensés suivre.

On était juste pas destinés à continuer la route ensemble une fois arrivés à la fourche il a fallu se séparer. Il y a des ruptures qui sont nécessaires, quand tu aimes quelqu’un il faut se souhaiter ce qu’il y a de mieux et si c’est plus cette relation-là, il faut se laisser aller.

Et c’est correct. Je suis correcte. Je suis plus que ça en fait, je vais bien. J’ai plus mal, ça pince un peu mais ça m’arrache pas les intérieurs.

Ce qui faisait mal c’était se battre contre la vie contre le destin contre nos futures qui devaient se faire chacun de notre bord. C’était se battre contre le cosmos, se dire qu’on est fait l’un pour l’autre même quand nos têtes pi nos corps nous crient voyons ça a pas d’allure que ça aille mal de même! Ça nous brûlait déchirait les mains le cœur de se tenir fort fort le cordon de notre relation alors qu’elle était en train de nous lâcher comme une partie de souque à la corde quand ton équipe perd.  Ce qui nous blessait c’était de se remplir de mensonges en se racontant des histoires de couples qui ont eu la vie dure un bout de temps mais qui s’en sont sortis heureux plutôt de comparer ces pas nombreuses exceptions là à tous les autres couples qu’on a vu échouer, les nôtres d’avant nous y compris, pi se rendre compte que c’est pas tous les couples qui sont fait pour durer, que les gens survivent à des ruptures et sont souvent encore mieux après. Mieux à se redécouvrir en premier, en tant qu’individu individuel, à profiter de leur nouvelle liberté de leur horaire qui est pas compromis par personne puis ensuite plus tard pas immédiatement à trouver quelqu’un qui leur convient mieux. Quelqu’un qui correspond à la nouvelle place où ils sont rendus dans leur vie, quelqu’un qui les fait rire comme deux verres de sangria te fait rire pour rien l’été sur les terrasses. Quelqu’un qui te fait sentir belle pi forte pi intéressante pi drôle, quelqu’un avec qui c’est naturel de jaser des heures de tout de rien de se taquiner de se chamailler un peu dans la rue comme des enfants.

Non, vraiment, une rupture c’est bien et j’aimerais que les réseaux sociaux au complet le comprennent et m’envoient un peu moins de messages de condoléances. Envoyez plutôt des beaux messages d’espoirs, des histoires personnelles de toutes les portes qui s’ouvrent quand on ferme à clé une porte qui était brisée.

Depuis qu’on s’est laissé, je me sens plus légère, comme quand tu déposes ton sac à dos à la maison les après-midi au retour du secondaire la veille des jours où t’as des examens dans toutes les matières qui ont des gros manuels scolaires. Je n’ai plus sur le dos le poids de son bonheur que j’arrivais pas à générer, je me sens plus responsable de ses malheurs quotidiens. Je peux me concentrer sur mon bonheur à moi et ce dont j’ai besoin pour grandir et devenir la personne que je souhaite devenir. À mettre autant d’efforts à nous garder en vie je m’étais perdue de vue et je me rends compte maintenant que j’ai tout le temps du monde pour bâtir la plus belle des relations avec moi-même. Renouer avec mon entourage aussi pas parce qu’il m’empêchait de le faire mais parce qu’à force de me dévouer corps et âmes à faire les premiers soins sur notre couple déjà mort, j’avais plus aucune énergie à mettre dans les autres gens je voulais juste dormir ou focusser encore plus de temps sur mon amoureux pour qu’on puisse régler les choses une fois pour toute.

Maintenant que je suis seule, je suis sereine et j’accepte les choses qui viendront à moi. Je sais que l’univers a un plan c’est kétaine mais c’est ça. Je sais que je suis plus forte que ce que je pense pas juste parce que j’ai réussi à lever une boîte vraiment lourde hier mais surtout parce que je m’effondre plus quand les choses finissent avec un homme et je sais aussi qu’il y a une place juste pour moi dans ce monde pi que j’ai besoin de personne pour me le confirmer. J’ai de l’amour à revendre, j’en donnerai sans relâche et tout cet amour me reviendra un jour. Dans la forme, l’intensité et le temps qui m’est destiné. Une rupture c’est pas triste et ça devrait pas l’être. C’est plutôt une promesse pour l’avenir de s’écouter plus, de savoir reconnaître lorsque les choses sont terminées avant de se blesser et de blesser l’autre inutilement. C’est reconnaître la victoire dans l’abandon, pas la considérer comme un échec. Cette relation m’aura appris beaucoup sur moi-même, beaucoup sur la vie sur l’amour et j’en serai reconnaissante. Pour la suite des choses, je me fais également la promesse de garder des bons souvenirs de mon partenaire d’un petit bout de temps et de toujours le respecter dans mes propos, lorsque j’en parlerai à mes amis ou les nouveaux hommes de ma vie, puis dans mes pensées quand il m’arrivera sûrement souvent d’aller le stalker sur les intertoiles. Je serai pas méchante ni jalouse je lui enverrai plein d’ondes positives. Une rupture c’est pas la fin du monde. Deux personnes se sont aimées, ça n’aura pas marché, deux personnes se seront quittées. Et c’est tout. C’est okay. C’est beau même ! La vie ne fait que commencer et je suis chanceuse d’avoir déjà connu un peu l’amour et de continuer d’espérer le retrouver un jour.

YAY les ruptures !

Bin pas yay, ça pince toujours un peu, mais tu comprends la logique.